LES PRINCIPAUX DYSFONCTIONNEMENTS

Problèmes dans les parties « vitales » de l’instrument : sommiers (où sont posés les tuyaux), soufflets, tirage des jeux

  • Des sons indésirables qui apparaissent en baissant plusieurs touches adjacentes, font penser que le bois à l’intérieur des sommiers est fissuré.
  • Les réglettes d’ouverture (registres) des jeux ne coulissent pas sur toute l’étendue de leur course rendant aléatoire l’alimentation en vent de la tuyauterie.
  • La peausserie des différents soufflets et réservoirs est percée. Il est à noter que les différentes peaux ont été remplacées lors du dernier chantier et, normalement, elles auraient dû avoir une durée de vie de plusieurs décennies.


Ces éléments devraient fournir à l’orgue un débit de vent stable, condition nécessaire pour que les tuyaux puissent résonner correctement. Actuellement, ils sont réparés avec du scotch, régulièrement remplacé quand sa tenue n’est plus efficace.

Photos des soufflets et du gosier :


Problèmes mécaniques des parties qui transmettent le mouvement de la touche au tuyau correspondant


Claviers et pédalier : 

  • La console étant positionnée en travers par rapport au corps de l’orgue, la mécanique des claviers suit un axe en biais par rapport à son point d’arrivée sous les tuyaux. Cette configuration, adoptée lors de la dernière restauration, demande une mécanique complexe et extrêmement stable. Cette mécanique, compliquée à réaliser, présente aujourd’hui, après plusieurs années d’utilisation, des nombreuses irrégularités. Il n’est pas rare que des touches restent bloquées pendant l’exécution.

  • Des écrous en cuir fixent l’arrivée de la mécanique sous les touches du clavier et en permettent son réglage minutieux. Ils ont désormais plus de 100 ans et les conditions hygrométriques de l’église ont accéléré leur usure. Lorsqu’on joue de l’instrument, certains se dérèglent et parfois tombent. Pour les régler ou les remplacer, il faut ouvrir et parfois démonter la console, ce qui demande des heures de travail et qui n’est pratiquement jamais fait. Ainsi, le réglage du clavier et du pédalier est de plus en plus aléatoire.

Mécanismes d’ouverture des jeux : 

  • Le mécanisme d’ouverture des jeux est inadéquat compte-tenu de l’effort à fournir pour assurer l’ouverture et la fermeture du registre. Aux changements de saison, le travail naturel du bois bloque les mouvements de ces parties car aucun système de compensation n’a été prévu.

  • Des parties coudées de la mécanique sont construites en contreplaqué de faible épaisseur. Avec l’effort prolongé, quelques équerres ont cassé.

  • Le mécanisme d’ouverture et fermeture de deux jeux du pédalier n’a jamais fonctionné correctement. Soit ils restent ouverts quand on veut les fermer, soit ils ne s’ouvrent pas quand on veut les ouvrir. Il a été décidé de les bloquer en position ouverte afin qu’ils soient exploitables. Mais, de ce fait, il n’est plus possible de varier leur intensité ou de se servir d’un seul des deux jeux.

Tuyauterie à réharmoniser dans sa totalité

  • Toute la tuyauterie (1600 pièces environ) doit être révisée, nettoyée, réparée le cas échéant. Il faut homogénéiser la sonorité de chaque jeu, accorder l’ensemble de l’instrument.

  • Le nouveau jeu « trompette », ajouté lors de la dernière intervention, est très difficile à accorder. Les tuyaux ont du mal à « prendre la note ».

Problèmes de conception de l’instrument :

  • Il y a une difficulté d’accès à plusieurs parties de l’instrument. L’entretien et certaines réparations nécessitant le démontage de plusieurs éléments pour atteindre la panne, ne sont généralement pas effectués à cause du temps que cela demande au facteur d’orgue et du coût que ces réparations génèrent. 
  • Mécanique des claviers : avec cette mécanique en biais et les coudes nécessaires pour axer les tirants de chaque note avec le tuyau correspondant, avec le type de sommier actuel, les claviers sont très durs à jouer. 
  • Quand ils sont unis et que l’organiste joue les deux claviers ensemble, la force nécessaire pour enfoncer les touches empêche un jeu de virtuosité et défigure ainsi les pièces qui sont interprétées.
  • Le ventilateur (moteur qui fournit le vent à l’orgue) et les porte-vent qui transmettent l’air au réservoir sont très bruyants. Les vibrations du moteur se transmettent à la structure en bois de l’instrument et sont ainsi amplifiées. Les turbulences qui se créent à l’intérieur du porte-vent sont très bruyantes et sont audibles dans l’église.
  • Le nouveau sommier construit pour la nouvelle trompette du grand orgue est la seule partie de l’orgue à traction électrique. Cela devrait assurer une réponse immédiate du son. Paradoxalement, ces tuyaux sonnent très mal et ce jeu n’est pratiquement jamais utilisé.

 

Témoignage de Tristan Poirier (organiste remplaçant)

  • L’orgue… est un instrument qui, de prime abord, semble remplir son rôle pour l’accompagnement des chants des cultes. Cependant, des défauts rendent la pratique difficile voire pénible :
  • Le clavier est « dur », il faut beaucoup de force pour appuyer sur les touches, et d’autant plus lorsqu’on « accouple » les claviers, ce qui, pour ma part, rend impossible l’exécution de morceaux aux tempos rapides.
  • Certains jeux sonnent faux depuis longtemps malgré les interventions d’accords et de réparations du facteur (il s’agit surtout des jeux de 8 pieds, qui sont les plus utilisés)
  • Les variations de température ont une influence sur la puissance sonore de l’orgue : je me surprends parfois à devoir utiliser plus de jeux qu’à l’accoutumé pour « couvrir » le chant de l’assemblée car certains ne sont pas audibles, notamment dans les graves.
  • Selon leur état d’entretien, les orgues ont typiquement des soucis récurrents (cornements, bruits de soufflerie, jeux muets…) mais celui de Saint Pierre Saint Paul les cumule relativement fréquemment, faisant de lui un instrument peu fiable.
  • Certains de ces points négatifs gênent cependant la prestation de l’organiste, et surtout lors des morceaux solo.